galinette cendrée

Mamari est une pintade maquillée en fille. Elle rigole quand on lui dit "caca prout", elle pleure quand on lui raconte une histoire triste. Elle hurle de rire quand on lui raconte nos pires humiliations. Elle dit « bonne bourre » quand on la quitte son breton à la main tard le soir sur son pas de porte.
Mamari est la personne la plus équilibrée de la planète. Les bonnes fées lui ont donné "la sagesse de la vie" en cadeau à la naissance. Elle a 5 frères et sœurs, 3 enfants, 1 mari, 2 parents et quelques copines sur sa liste de gagnante du loto. Elle crie sur son homme qu’elle aime plus que tout. C’est parce qu’elle a tout le temps peur qu’il fasse une crise cardiaque et la laisse toute seule. Elle sait faire des enfants beaux et gentils qui se grattent le nez devant la téloche et détestent les courgettes.
Mamari change de boulot tous les 7 ans et ça ne la stresse pas.
Mamari est marraine tellement de fois qu’elle est plus certaine du nombre exact de filleuls dont elle dispose. Du coup, elle foire les anniversaires.
Mamari et moi avons scellé notre amitié devant la déco suisse (une cloche accrochée à une porte de bureau) d’une collègue un soir très tard dans les couloirs d'un ministère dans les beaux quartiers parisiens. J’ai jamais ri comme ça depuis, je jure.
Mamari a été la première à savoir que j’avais fait l’amour avec le breton et pour l’occasion, elle m’a pété les tympans.
Mamari lit Marcel Proust et Elle magasine. Elle cuisine des soupes de panais aux moules et boit du vin rouge. Elle m’envoie des mails où elle écrit juste « prout », je lui envoie des sms qui la font rire.
Mamari emmerde les cons avec désinvolture. Elle a la classe.

Cette pintade là, vous pouvez pas imaginer comme je l’aime. D’ailleurs, souvent, le nez à la vitre du métro, la Régina Spektor dans les oreilles, je m’imagine à l’autel le jour de mes noces. Je tourne doucement la tête juste avant de dire oui (un ralenti comme dans les feuilletons américains) et assise dans les premiers rangs de cette église du tréfonds de l’Aude, y a mamari qui pleure en me souriant connement. Alors je tourne la tête et je dis oui au breton.