Grisée de sorties... (la fin)
...Hortense du coup, elle a appelé le lyonnais pour savoir comment qu'on
allait faire. Après avoir expliqué que, nan, elle avait rien cogné, (même
que j'étais là à l'aller et que je peux encore témoigné que c'est vrai,
juré craché), après avoir retourné en vain le coffre et les trappes cachées du 4X4 pour trouver une bombe magique de pneu à plat, le
lyonnais y nous a demandé de noter les références des pneus. On s'est
retrouvées accroupies devant les roues à essayer de décrypter les
hiéroglyphes en relief en plissant les yeux telles deux chouettes
apeurées. C'est, munies d'un portable clignotant pour essayer de voir
quelque chose, qu'on a commencé à dicter à voix haute la suite de
chiffres et les références (avec le lyonnais au bout du fil qui devait vraiment se demander comment est fait un cerveau de femme). On a épluché les références des pneus en
donnant je pense jusqu'au numéro du bain de gomme des 4 roues (on n'est jamais
trop prudent). Notre mission accomplie, il a fallu partir en quête d'un moyen de locomotion pour rentrer dans nos pénates. Plus facile à dire qu'à faire.
D'abord, après avoir fait plusieurs faux départs pour savoir quoi embarquer de la voiture: carte grise, poussette, vérifier que les portières sont bien fermées, on a commencé à errer comme deux âmes en peine en essayant d'arrêter les quelques voitures qui nous croisaient. Et ben, remarque tout à fait en dehors de propos, le monde contemporain c'est génial tu peux aller d'un bout à l'autre de la planète d'un coup de turbo réacteur mais quand il s'agit de demander ne serait-ce qu'un petit service au français qui habite à côté de chez toi pour t'aider à te déplacer ben t'a intérêt à pas être pressé. Donc, personne ne s'est arrêté malgré notre apparence plutôt inoffensive (deux filles traînant des pieds, traînant une poussette vide) mais que voulez-vous, les serial killers de nos jours ont besoin de recourir à de nouveaux stratagèmes et ils peuvent tout à fait se cacher sous les traits de deux jeunes filles de bonne famille (en plus, on était deux, danger maximal).
On décide alors de retourner au théâtre. J'avais déjà pas un amour immodéré pour les cultureux que je côtoie dans le cadre de mon travail (ils ont tendance à se prendre très souvent au sérieux et sont les premiers à donner des leçons aux autres) mais là je dois dire qu'Hortense et moi, ça nous a achevées. Aucun ne s'est montré prêt à se déporter un chouilla pour nous déposer à une gare salutaire, des réticences en veux-tu en voilà et l'équipe du théâtre s'est montré dans l'incapacité de rentrer en contact avec un taxi dispo. Cela m'a permis de m'exciter encore contre eux en les traitant en moi-même de cons égocentriques (au moins ça défoule) et par écrit maintenant (même plusieurs mois après ça défoule vous pouvez pas savoir à quel point).
On a donc repris la route pour trouver une autre solution et après avoir poireauté un peu à une borne de taxi déserte, taximan notre sauveur est enfin arrivé (limite on l'aurait embrassé s'il nous avait laissées faire). J'ai réussi à attraper le dernier métro et me suis couchée en pensant à Hortense dont les problèmes étaient loin d'être résolus.... Heureusement la pièce était incroyable et finalement c'est un peu ça qui est le plus important, non? Et vous, vous avez déjà crevé perdus au milieu de nulle part?
Renée